Witnesses of Civic Engagement

Témoins de l’engagement citoyen | Zeug*innen zivilen Engagements

 

Abstract: Public history is not only about the uses and expressions of the past in the present. It also strives to question history in the making – here and now – and to cast additional light on the present by taking into consideration past experiences. What can we learn from those who break the law to help fugitives?
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2019-13924.
Languages: Francais, English, Deutsch


L’histoire publique ne porte pas seulement sur les usages et manifestations du passé dans le présent. Elle consiste aussi à interroger l’histoire en train de se faire – ici, maintenant – et à éclairer le présent à la lumière des expériences passées. Qu’apprenons-nous de celles et ceux qui enfreignent les lois pour venir en aide à des fugitifs?

Aimée Stitelmann

Jeune étudiante genevoise, Aimée Stitelmann (1925-2004) a été arrêtée en mars 1945 alors qu’elle avait à plusieurs reprises fait franchir la frontière entre la Suisse et la France à des personnes qui s’étaient réfugiés en Suisse pour fuir le régime nazi et qui voulaient rejoindre la France déjà libérée. Entre 1942 et 1945, elle avait déjà aidé une quinzaine d’enfants et plusieurs résistants à entrer en Suisse. Le 11 juillet 1945, elle a été reconnue coupable d’aide à la fuite et condamnée par un tribunal militaire suisse à 15 jours d’arrêts.[1]

Le 2 mars 2004, Aimée Stitelmann est réhabilitée à l’âge de 79 ans par la Commission de réhabilitation de l’Assemblée fédérale. Elle est la première des 137 personnes qui ont bénéficié de la loi entrée en vigueur le 1er janvier de la même année sur l’annulation des condamnations de personnes ayant aidé les victimes du nazisme.[2] Le 18 mai 2004, peu avant son décès, elle reçoit la médaille “Genève reconnaissante”.[3] L’année suivante, les autorités cantonales lui dédient un bâtiment scolaire post-obligatoire, l’École de commerce Aimée-Stitelmann.[4] Elle n’en demeure pas moins une figure largement méconnue.

Anni Lanz et d’autres…

Activiste des droits humains, en particulier du droit d’asile, ancienne secrétaire générale de “Solidarité sans frontières”, Anni Lanz, âgée de 72 ans, est venue en aide en 2018 à un réfugié afghan refoulé vers l’Italie malgré son état de santé préoccupant et la présence de sa famille en Suisse. Elle a été arrêtée à la frontière alors qu’elle tentait de le ramener en Suisse.[5] Elle a été condamnée pour infraction à la loi sur les étrangers le 19 décembre 2018 par le tribunal de Brigue (Valais, Suisse) à une amende de 800 francs suisses ou 5 jours de prison, ainsi qu’à la prise en charge des coûts de procédure d’un montant de 1400 francs suisses.[6]

En décembre 2018 également, les deux genevois Theo Buckmaster et Bastien Stauffer ont été jugés par le tribunal de Gap (France) pour aide à l’entrée irrégulière d’étrangers en France. Ils ont été condamnés à la prison ferme avec sursis pour être venus en aide à des réfugiés piégés dans le froid glacial de la montagne entre l’Italie et la France.[7]

Ce ne sont que quelques exemples de personnes qui se sont engagées pour les droits humains, pour les droits fondamentaux dont devrait bénéficier chaque être humain selon la Déclaration universelle des droits de l’homme. Certes, les contextes ne sont pas les mêmes, mais un fait au moins demeure comparable : dans le passé comme dans le présent, ces personnes ont été jugées et condamnées pour s’être engagées à sauver des fugitifs. Le futur verra peut-être réhabilités celles et ceux qui sont aujourd’hui condamnés.

Nicolas Ribowski et les Justes

Nicolas Ribowski est un réalisateur français, enfant de parents déportés et assassinés à Auschwitz-Birkenau, sauvé avec 300 autres enfants juifs par un couple français et de nombreuses familles d’accueil. Il a documenté cette histoire dans son film “J’avais oublié la maison de Moissac” (2005). C’est à cet engagement citoyen qu’il a consacré son film suivant, “Les Justes” (2007).[8] Durant la Seconde Guerre mondiale, seule une minorité de personnes acceptèrent d’aider les Juifs, malgré les risques et les lois. Nicolas Ribowski a capté quelques-unes de leurs voix peu avant qu’elles ne s’éteignent, pérennisant dans son film le récit de ces héros le plus souvent restés dans l’ombre de l’historiographie et de la mémoire collective.

C’est à cette question de l’engagement citoyen qu’a été consacrée, en janvier 2019, la Journée de la mémoire de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité, organisée pour la première fois à la Haute école pédagogique du canton de Vaud (Suisse). Grand témoin de l’engagement citoyen, Nicolas Ribowski y a présenté son film au grand public, mais aussi à des enseignants et des élèves.

L’intention de “prévention des crimes contre l’humanité” contenue dans l’intitulé de la Journée de la mémoire en Suisse invite à dépasser la dimension commémorative et à expliciter les mécanismes qui mettent en danger les fondements de nos démocraties et les droits humains. Pour cela, il importe de mettre en évidence la diversité des perspectives des acteurs impliqués : les victimes (dans leur pluralité et sans les réduire au stade ultime de leur déshumanisation), les témoins (des plus passifs aux plus engagés comme les Justes), les perpétrateurs (de tous les degrés d’implication dans l’entreprise criminelle).[9]

Une des pistes didactiques possibles est de conduire cette réflexion à partir de la position de celles et ceux qui sont venus en aide. D’abord, cela permet de mettre en évidence les différents acteurs impliqués. Ensuite, cela articule la grande histoire avec celle des petites gens, des êtres humains ordinaires : une histoire personnifiée, localisée, ancrée dans le monde des élèves, en relation avec les enjeux du présent. Enfin, cela montre la marge de manœuvre dont chacun dispose pour agir en fonction de ses convictions, de ses valeurs et de ses responsabilités.

Les voix de la sagesse

Les voix de celles et ceux qui se sont engagés pour venir en aide à des fugitifs – dans le passé ou dans le présent – sont porteuses de sagesse et questionnant. Est-il adéquat de condamner les individus pour leur désobéissance civile et laisser le soin aux protagonistes du futur de les réhabiliter pour leur engagement citoyen? Est-il pertinent de justifier les pratiques étatiques dans le présent et de laisser le soin aux protagonistes du futur de les condamner? La démarche de la commission de réhabilitation de l’Assemblée fédérale suisse invite à suivre un autre chemin.

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Lectures supplémentaires

Ressources sur le web

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[1] Voir à ce propos la décision de la Commission de réhabilitation du 2 mars 2004: https://www.parlament.ch/centers/documents/fr/rehako-04-01-f.pdf (dernier accès 15 avril 2019).
[2] Pour consulter l’ensemble des décisions de la Commission de réhabilitation: https://www.parlament.ch/fr/%C3%BCber-das-parlament/archive/commissions-dissoutes/commission-creha/decisions-creha (dernier accès 15 avril 2019).
[3] “Médaille ‚Genève reconnaissante’,” Ville de Genève, http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_1/Communiques_de_presse/Repertoire-medaille-reconnaissance-2011-vdg.pdf (dernier accès 15 avril 2019).
[4] “Aimée Stitelmann,” Ecole de commerce et de culture Générale. Aimée-Stitelmann, https://icp.ge.ch/po/aimee-stitelmann/presentation/aimee-sitelmann-2 (dernier accès 15 avril 2019).
[5] Voir notamment Julie Jeannet, “Le courage de désobéir,” Amnesty Journal 95 (Dec. 2018), https://www.amnesty.ch/fr/sur-amnesty/publications/magazine-amnesty/2018-4/le-courage-de-desobeir (dernier accès 15 avril 2019).
[6] A propos de ce procès, voir la prise de position de l’historien Jonathan Pärli: Jonathan Pärli, “Legal, illegal – wer genau?,” WOZ – Die Wochenzeitung, https://www.woz.ch/-94b6 (dernier accès 15 avril 2019).
[7] Theo Buckmaster et Bastien Stauffer ont été arrêtés et jugés avec cinq autres militants. A propos de cet essai, voir: “Le procès des “7 de Briançon”, un enjeu par-delà les frontières,” maRTS, https://www.rts.ch/info/monde/9972448-le-proces-des-7-de-briancon-un-enjeu-par-dela-les-frontieres.html (dernier accès 15 avril 2019).
[8] Films et documentaires de Nicolas Ribowski: https://www.filmsdocumentaires.com/auteurs/205-nicolas-ribowski (dernier accès 15 avril 2019).
[9] Voir en particulier: Monique Eckmann, “Oui, mais… Transmettre la Shoah: défis et potentialités perçus depuis un pays Bystander,” Didactica Historica 5 (2019): 21-27.

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Crédits illustration

École de commerce Aimée-Stitelmann, Plan-les-Ouates, Genève (Suisse) © 2019 Nadine Fink.

Citation recommandée

Fink, Nadine: Témoins de l’engagement citoyen. In: Public History Weekly 7 (2019) 19, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2019-13924.

Public history is not only about the uses and expressions of the past in the present. It also strives to question history in the making – here and now – and to cast additional light on the present by taking into consideration past experiences. What can we learn from those who break the law to help fugitives?

Aimée Stitelmann

Aimée Stitelmann (1925-2004), a young Swiss student, was arrested in March 1945 in Geneva after crossing the border several times between Switzerland and France. She helped people who had fled to Switzerland to escape the Nazi regime and who wanted to enter France which had already been liberated. Between 1942 and 1945, she had already helped about 15 children and several resistance fighters to enter Switzerland. On July 11, 1945, she was found guilty of assisting fugitives and sentenced by a Swiss military court to 15 days’ imprisonment.[1]

On March 2, 2004, Aimée Stitelmann was rehabilitated at the age of 79 by the Rehabilitation Commission of the Federal Assembly. She is the first of 137 people to benefit from the law that came into effect on January 1 of the same year on the annulment of convictions of persons who helped victims of Nazism.[2] On May 18, 2004, shortly before her death, she received the “Genève reconnaissante” medal (Grateful Geneva).[3] The following year, the cantonal authorities dedicated a school building, the “Aimée-Stitelmann commercial school”.[4] Nevertheless, she remains a largely unknown figure.

Anni Lanz and Others…

In 2018, a 72-year-old human rights activist in the field of asylum and former secretary general of Solidarity Across Borders, Anni Lanz helped an Afghan refugee who had been expelled to Italy despite his poor health status and the presence of his family in Switzerland. Anni Lanz was arrested at the border while trying to bring him back to Switzerland.[5] On December 19, 2018, she was sentenced by the Brig Court (Valais, Switzerland) to a fine of 800 Swiss francs or five days’ imprisonment, and the payment of 1,400 Swiss francs for procedural costs, for violating the Immigration Act.[6]

In December 2018, two Genevans, Theo Buckmaster and Bastien Stauffer, were tried by the Gap court in France for aiding the illegal entry of refugees into France. They were sentenced to suspended prison terms for helping refugees trapped in the freezing cold of the mountains between Italy and France.[7]

These are just a few examples of people who have committed themselves to human rights, to defend the fundamental rights that every human being should enjoy according to the Universal Declaration of Human Rights. While the contexts are not the same, at least one fact remains comparable: In the past and in the present, these people have been tried and convicted for their commitment to saving fugitives. The future may see the rehabilitation of those who are being condemned today.

Nicolas Ribowski and the Righteous

Nicolas Ribowski is a French film director, the child of parents deported and murdered in Auschwitz-Birkenau who was rescued with 300 other Jewish children by a French couple and several foster families. He documented this story in his film “J’avais oublié la maison de Moissac” (I had forgotten the house in Moissac, 2005). He devoted his next film, “The Righteous” (2007), to civic engagement.[8] During the Second World War, only a minority of people agreed to help the Jews despite the risks and laws. Nicolas Ribowski captured some of their voices shortly before they died, preserving in his film the stories of these heroes who most often remained in the shadow of historiography and collective memory.

The January 2019 edition of International Holocaust Remembrance Day was dedicated to this question of civic engagement and organized for the first time at the University of Teacher Education, State of Vaud (Switzerland). As an important witness of civic engagement, Nicolas Ribowski presented his film to the general public, as well as to teachers and students.

The intention of “preventing crimes against humanity” as stated in the Swiss description of International Holocaust Remembrance Day invites to go beyond the commemorative dimension and to clarify the mechanisms that endanger the foundations of our democracies and human rights. To this end, it is important to highlight the diversity of perspectives of the actors involved: victims (in their plurality and without reducing them to the ultimate stage of their dehumanization), witnesses (from the most passive bystanders to the most committed such as the righteous), perpetrators (of all degrees of involvement in the criminal enterprise).[9]

One possible educational approach is to conduct this reflection from the perspective of those who have helped. First, it highlights the different actors involved. Then, it connects global history with the history of ordinary human beings: a personified, localized history, anchored in the world of the pupils, in relation to the challenges of the present. Finally, it shows the degree of latitude that everyone has at their disposal in order to act according to their convictions, values, and responsibilities.

The Voices of Wisdom

The voices of those who have committed themselves to helping fugitives – in the past or in the present – are wise and questioning. Is it appropriate to condemn individuals for their civil disobedience and leave it to the protagonists of the future to rehabilitate them for their civic engagement? Is it relevant to justify state practices in the present and leave it to the protagonists of the future to condemn them? The approach of the Rehabilitation Committee of the Swiss Federal Assembly invites us to follow a different path.

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Further Reading

Web Resources

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[1] For the decision of the Rehabilitation Commission of March 2, 2004, see: https://www.parlament.ch/centers/documents/fr/rehako-04-01-f.pdf (last accessed 15 april 2019).
[2] To consult all the decisions of the Rehabilitation Commission, see: https://www.parlament.ch/fr/%C3%BCber-das-parlament/archive/commissions-dissoutes/commission-creha/decisions-creha (last accessed 15 april 2019).
[3] “Médaille ‚Genève reconnaissante’,” Ville de Genève, http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_1/Communiques_de_presse/Repertoire-medaille-reconnaissance-2011-vdg.pdf (last accessed 15 april 2019).
[4] “Aimée Stitelmann,” Ecole de commerce et de culture Générale. Aimée-Stitelmann, https://icp.ge.ch/po/aimee-stitelmann/presentation/aimee-sitelmann-2 (last accessed 15 april 2019).
[5] In particular, see Julie Jeannet, “Le courage de désobéir,” Amnesty Journal 95 (Dec. 2018), https://www.amnesty.ch/fr/sur-amnesty/publications/magazine-amnesty/2018-4/le-courage-de-desobeir (last accessed 15 april 2019).
[6] For more on this trial, see the position of the historian Jonathan Pärli, “Legal, illegal – wer genau?,” WOZ – Die Wochenzeitung, https://www.woz.ch/-94b6 (last accessed 15 april 2019).
[7] Theo Buckmaster and Bastien Stauffer were arrested and tried along with five other activists. For more on this trial, see: “Le procès des “7 de Briançon”, un enjeu par-delà les frontières,” maRTS, https://www.rts.ch/info/monde/9972448-le-proces-des-7-de-briancon-un-enjeu-par-dela-les-frontieres.html (last accessed 15 april 2019).
[8] Films and documentaries by Nicolas Ribowski: https://www.filmsdocumentaires.com/auteurs/205-nicolas-ribowski (last accessed 15 april 2019).
[9] In particular, see: Monique Eckmann, “Oui, mais… Transmettre la Shoah: défis et potentialités perçus depuis un pays Bystander,” Didactica Historica 5 (2019): 21-27.

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Image Credits

École de commerce Aimée-Stitelmann, Plan-les-Ouates, Genève (Suisse) © 2019 Nadine Fink.

Recommended Citation

Fink, Nadine: Witnesses of Civic Engagement. In: Public History Weekly 7 (2019) 19, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2019-13924.

Public History handelt nicht nur von den Anwendungen und Manifestationen der Vergangenheit in der Gegenwart. Sie hinterfragt auch die Geschichte in ihrer Entstehung – im Hier und Jetzt – und beleuchtet zusätzlich die Gegenwart, indem die bereits vergangenen Erfahrungen berücksichtigt werden. Was können wir von jenen lernen, die gegen das Gesetz verstoßen, um Flüchtlingen zu helfen?

Aimée Stitelmann

Aimée Stitelmann (1925-2004), eine junge Schweizer Studentin, wurde im März 1945 in Genf verhaftet, nachdem sie die französisch-schweizerische Grenze mehrmals überquert hatte. Sie half Menschen, die vom Nazi-Regime über die Schweiz in das bereits befreite Frankreich flüchten wollten. Zwischen 1942 und 1945 hatte sie circa 15 Kindern und zahlreichen Widerstandskämpfer*innen geholfen, in die Schweiz zu fliehen. Am 11. Juli 1945 wurde sie der Unterstützung von Flüchtlingen für schuldig befunden und von einem Schweizer Militärgericht zu 15 Tagen Freiheitsstrafe verurteilt.[1]

Am 2. März 2004 hat der Rehabilitierungsausschuss der Schweizer Bundesversammlung Aimée Stitelmann im Alter von 79 Jahren rehabilitiert. Sie ist damit die erste von 137 Personen, die von dem neuen Gesetz über die Annullierung von Verurteilungen von Personen, die NS-Opfern halfen, profitierte.[2] Am 18. Mai 2004, kurz vor ihrem Tod, erhielt sie die “Genève reconnaissante”-Medaille (Dankbares Genf).[3] Im darauffolgenden Jahr haben ihr die kantonalen Behörden ein Schulgebäude gewidmet, die “Aimée-Stitlemann Handelsschule”[4]. Dennoch ist Aimée Stitelmann weitgehend unbekannt geblieben.

Anni Lanz und andere…

2018 half Anni Lanz, eine 72-jährige Menschenrechtsaktivistin im Bereich des Asylwesens und ehemalige Generalssekretärin von Solidarity Across Borders (Grenzüberschreitende Solidarität), einem afghanischen Flüchtling, der trotz seines schlechten Gesundheitszustandes und obwohl seine Familie in der Schweiz lebte, nach Italien abgeschoben wurde. Beim Versuch ihn in die Schweiz zurückzuholen, wurde Anni Lanz an der Grenze verhaftet.[5] Am 19. Dezember 2018 verurteilte das Gericht Brig (Wallis, Schweiz) sie zu einem Bußgeld von 800 CHF oder fünf Tagen Freiheitsstrafe, sowie der Zahlung von 1.400 CHF Verfahrenskosten, da sie gegen das Immigrationsgesetz verstoßen hatte.[6]

Im Dezember 2018 verurteilte das Gericht Gap in Frankreich zwei Genfer, Theo Buckmaster und Bastien Stauffer, wegen Beihilfe zur illegalen Einreise von Flüchtlingen nach Frankreich. Sie wurden zu Freiheitsstrafen auf Bewährung verurteilt, da sie in der Kälte der französischen und italienischen Gebirge festgesessenen Flüchtlingen halfen.[7]

Das sind nur ein paar Beispiele von Personen, die sich für die Menschenrechte einsetzten, die nach der Allgemeinen Erklärung der Menschenrechte jedem zustehen sollen. Obwohl die Umstände nicht die gleichen sind, bleibt eine Tatsache konstant: In der Vergangenheit und in der Gegenwart wurden diese Menschen für ihr Engagement Flüchtlingen zu helfen, angeklagt und verurteilt. In Zukunft werden wohl jene rehabilitiert werden, die heute verurteilt werden.

Nicolas Ribowski und die Gerechten

Nicolas Ribowski ist ein französischer Filmregisseur, das Kind von deportierten und in Auschwitz-Birkenau ermordeten Eltern, das gemeinsam mit 300 anderen jüdischen Kindern von einem französischen Paar und zahlreichen Pflegefamilien gerettet wurde. In seinem Film “J’avais oublié la maison de Moissac” (Ich hatte das Haus in Moissac vergessen, 2005) dokumentierte er diese Geschichte. Seinen nächsten Film, “Les Justes” (Die Gerechten, 2007), widmete er dem zivilen Engagement.[8] Damit zeigt er, dass trotz der Risiken und Gesetze während des Zweiten Weltkriegs ein kleiner Teil der Bevölkerung bereit war, Jüd*innen zu helfen. Nicolas Ribowski nahm einige Erzählungen dieser Personen kurz vor ihrem Tod auf, um in seinem Film die Geschichten dieser Held*innen, die sehr oft im Schatten der Geschichtsschreibung und des kollektiven Bewusstseins blieben, zu bewahren.

Der Frage nach dem zivilen Engagement wurde der Internationalen Tag des Gedenkens an die Opfer des Holocaust im Januar 2019 gewidmet, der zum ersten Mal an der Pädagogischen Hochschule im Kanton Waadt (Schweiz) organisiert wurde. Als wichtiger Zeuge zivilen Engagements präsentierte Nicolas Ribowski der Öffentlichkeit sowie Lehrer*innen und Schüler*innen seinen Film.

In der Absicht “Verbrechen gegen die Menschheit vorzubeugen”, wie es in der Schweizer Beschreibung zum Internationalen Tag des Gedenkens an die Opfer des Holocaust hieß, werden darüber hinaus die Gedenkfunktion und Bewegungen, die die Basis unserer Demokratie und der Menschenrechte gefährden, diskutiert. Zu diesem Zweck ist es wichtig, die vielschichtigen Perspektiven der involvierten Akteur*innen zu betonen: Opfer (in ihrer Vielzahl und ohne sie auf die letzte Phase ihrer Entmenschlichung zu reduzieren), Zeug*innen (von den passivsten Zuseher*innen bis hin zu den ambitioniertesten, wie den Gerechten), Täter*innen (in jeder Form ihrer Beteiligung am kriminellen Verbrechen).[9]

Ein möglicher für die Didaktik relevanter Zugang ist die Reflexion aus der Perspektive von jenen, die geholfen haben. Dies würde die unterschiedlichen beteiligten Akteur*innen hervorheben und die globale Geschichte mit jener der gewöhnlichen Menschen verbinden: damit kann eine personifizierte, eingegrenzte Geschichte entstehen, die in der Welt der Schüler*innen verankert ist, und in einem Verhältnis zu den Herausforderungen von heute steht. Letztlich würde damit auch der Grad der Freiheit aufgezeigt, der den Akteur*innen zur Verfügung gestanden hat, nach eigenen Überzeugungen, Werten und Verantwortung zu handeln.

Die Stimmen der Weisheit

Die Stimmen von jenen, die sich der Unterstützung von Flüchtlingen gewidmet haben – sei es in der Vergangenheit oder Gegenwart – sind weise und fragend. Ist es angemessen, Individuen wegen ihres zivilen Ungehorsams zu verurteilen und es den künftigen Protagonist*innen zu überlassen, sie für ihr ziviles Engagement zu rehabilitieren? Ist es legitim, staatliche Methoden im Jetzt zu rechtfertigen und es den künftigen Protagonist*innen zu überlassen, sie wieder zu verurteilen? Der Ansatz des Rehabilitierungsausschusses der Schweizer Bundesversammlung lädt uns ein, einen anderen Weg einzuschlagen.

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Literaturhinweise

Webressourcen

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[1] Zur Entscheidung des Rehabilitierungsausschusses vom 2. März 2004, siehe: https://www.parlament.ch/centers/documents/fr/rehako-04-01-f.pdf (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[2] Um alle Entscheidungen des Rehabilitierungsausschusses einzusehen, siehe: https://www.parlament.ch/fr/%C3%BCber-das-parlament/archive/commissions-dissoutes/commission-creha/decisions-creha (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[3] “Médaille ‚Genève reconnaissante’,” Ville de Genève, http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_1/Communiques_de_presse/Repertoire-medaille-reconnaissance-2011-vdg.pdf (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[4] “Aimée Stitelmann,” Ecole de commerce et de culture Générale. Aimée-Stitelmann, https://icp.ge.ch/po/aimee-stitelmann/presentation/aimee-sitelmann-2 (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[5] Im Besonderen siehe Julie Jeannet, “Le courage de désobéir,” Amnesty Journal 95 (Dec. 2018), https://www.amnesty.ch/fr/sur-amnesty/publications/magazine-amnesty/2018-4/le-courage-de-desobeir (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[6] Siehe zu diesem Prozess Jonathan Pärli, “Legal, illegal – wer genau?,” WOZ – Die Wochenzeitung, https://www.woz.ch/-94b6 (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[7] Theo Buckmaster und Bastien Stauffer wurden gemeinsam mit fünf weiteren Aktivist*innen verhaftet und angeklagt. Zu diesem Prozess, siehe: “Le procès des “7 de Briançon”, un enjeu par-delà les frontières,” maRTS, https://www.rts.ch/info/monde/9972448-le-proces-des-7-de-briancon-un-enjeu-par-dela-les-frontieres.html (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[8] Filme und Dokumentationen von Nicolas Ribowski: https://www.filmsdocumentaires.com/auteurs/205-nicolas-ribowski (letzter Zugriff am 15. April 2019).
[9] Im Besonderen siehe: Monique Eckmann, “Oui, mais… Transmettre la Shoah: défis et potentialités perçus depuis un pays Bystander,” Didactica Historica 5 (2019): 21-27.

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Abbildungsnachweis

École de commerce Aimée-Stitelmann, Plan-les-Ouates, Genève (Suisse) © 2019 Nadine Fink.

Übersetzung

Stefanie und Paul Jones (paul.stefanie@outlook.at)

Empfohlene Zitierweise

Fink, Nadine: Zeug*innen zivilen Engagements. In: Public History Weekly 7 (2019) 19, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2019-13924.

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Categories: 7 (2019) 19
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2019-13924

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