The Force of Fiction

La force de la fiction | Die Kraft der Fiktion

 

Abstract: History enjoys remarkable success with the general public. It provides the base material for numerous television series with a wide audience and inspires literary works which are awarded the most prestigious prizes. In fall 2017, Eric Vuillard’s “L’ordre du jour”, which shakes up previous representations of the “Anschluss”, was awared the Priz Goncourt. And Olivier Guez’s “La Disparition de Joseph Mengele” was awarded the Prix Renaudot. Does fiction endanger history?
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-11199.
Languages: Français, English, Deutsch


L’histoire connaît un succès remarquable auprès du grand public. Elle fournit la matière à de nombreuses séries télévisées à grande audience et inspire des ouvrages littéraires récompensés par les prix les plus prestigieux. En 2017, le prix Goncourt a été attribué à Eric Vuillard pour L’ordre du jour, qui bouscule notamment nos représentations de l’Anschluss. Le prix Renaudot a été remis à Olivier Guez pour La disparition de Joseph Mengele. Lorsque la fiction se saisit du passé, l’histoire est-elle en danger ?

Décrypter la fiction

La production d’une série télévisée historique, par exemple The Tudors (2007-2010), ne s’embarrasse pas de notes de bas de page et construit la narration selon des critères non pas scientifiques, mais propres au genre télévisuel. Le passé n’y est pas objet d’analyse ; il sert avant tout à alimenter l’intrigue et le décor. Tandis que l’histoire se préoccupe de véridicité, la fiction vise d’abord la crédibilité.

L’histoire est en danger si l’on considère l’œuvre de fiction sous l’angle exclusif d’une concurrence, si l’on se limite à traquer « l’anachronisme », si l’on s’évertue à pointer les libertés prises avec les faits établis par l’historien. Soumettre la fiction au seul verdict de la connaissance historique, c’est considérer cette dernière comme une science objective révélant la vérité absolue. Ce qu’elle n’est pas.

L’histoire est enrichie si l’on considère la fiction comme un plaisir, une découverte et une invitation à réfléchir aux usages et représentations du passé dans les sociétés contemporaines. C’est à ce jeu que se sont prêtés des historiennes et historiens de l’Université de Genève qui ont décrypté plusieurs séries historiques.[1] La fiction les interroge sur les relations entre passé et présent, sur la manière dont les questionnements contemporains influencent le regard porté au passé. Elle déplace aussi leurs analyses vers une prise en compte des coulisses de l’histoire : « L’improvisation, les bricolages et les espoirs que dépeint la série correspondent à une réalité historique ».[2] Parce qu’ils ne laissent pas de traces, ces espaces sont peu accessibles et, de ce fait, délaissés dans les travaux scientifiques. C’est un des atouts de la fiction que de pouvoir recomposer ces espaces.

Incarner le présent du passé

La connaissance historique se fonde sur une série d’opérations historiographique et sur une intention de vérité. Ce que l’archive tait, l’historien ne peut le dire. Il se doit de restituer le passé de manière « contrôlée » par un régime de preuves, d’où un rapport de dépendance à l’archive. Roger Chartier l’a bien mis en évidence : c’est parce que l’historien entretient ce rapport spécifique au réel dont il rend compte que son récit est d’ordre historique et non pas fictionnel.[3]

Tandis que l’historien est contraint par l’archive, le romancier peut intervenir, combler, interpréter avec sa propre subjectivité. « La littérature permet tout, dit-on » écrit Eric Vuillard dans les premières pages de L’ordre du jour.[4] Elle jouit d’une grande liberté dans l’agencement des événements et dans les possibilités d’incarner les personnages, leurs mouvements, leurs sentiments, leurs incertitudes. Elle bénéficie d’un potentiel unique pour capter et restituer le présent du passé, pour suspendre un espace-temps où l’avenir n’est pas encore joué. En se servant de photographies, de matériaux filmiques, de mémoires et d’archives, Vuillard revisite l’histoire de l’installation du pouvoir d’Hitler. Il déconstruit nos représentations de l’Anschluss en mars 1938, en montrant qu’elles sont aujourd’hui encore structurées par la propagande nazie :

« les images que nous avons de la guerre sont pour l’éternité mises en scène par Joseph Goebbels. L’Histoire se déroule sous nos yeux, comme un film de Joseph Goebbels. C’est extraordinaire. Les actualités allemandes deviennent le modèle de la fiction ».[5]

En racontant l’histoire de la panne des tanks de l’armée allemande au moment de franchir la frontière autrichienne, en décrivant le cafouillage militaire et diplomatique qui a précédé les images que nous connaissons de l’Anschluss et de l’entrée des troupes allemandes dans Vienne, Vuillard démontre que la dynamique victorieuse mise en scène par la propagande nazie n’était pas toute tracée. C’est le découpage de l’intrigue qui décide du sens de l’histoire, comme un scénario parmi d’autres possibles. Les enchaînements n’étaient pas inéluctables.

Fiction et histoire

La fiction s’appuie sur l’historiographie, elle profite du travail de l’ombre d’historiens qui ne rencontrent jamais les grandes audiences de la fiction. Romanciers et scénaristes lisent attentivement les historiens, allant pour certains jusqu’à détailler les sources et références bibliographiques utilisées.[6] L’histoire inspire et nourrit la fiction. Pour autant, la première n’est pas dans une position servile par rapport à la seconde. La fiction apporte une contribution essentielle à la construction de l’imaginaire, notamment en donnant à voir des mondes disparus. C’est en cela, aussi, parce qu’elle participe à construire cet imaginaire et à figurer l’absent, que la fiction inspire et nourrit l’histoire.

La fiction précède parfois l’histoire dans l’art d’interroger le passé à l’aune des questionnements contemporains, initiant de nouveaux champs d’investigation historique. Arpentant la frontière entre fiction et histoire, l’historien Ivan Jablonka explique que les romans de Walter Scott (1771-1832) ont généré un intérêt nouveau pour le Moyen Âge et inspiré une curiosité pour les réalités quotidiennes du peuple. Ces dernières sont au cœur des romans d’Emile Zola (1840-1902) :

« Le roman est la forme que prennent l’enquête sociale et l’histoire contemporaine à une époque où les historiens de profession, contrairement à Zola, ne s’intéressent pas aux métiers, aux salaires, aux budgets, à la hiérarchie sociale, aux modes de vie, à la naissance, à la mort, à la maladie, au sexe, à l’amour, ni à aucun des thèmes qui passionneront l’école des Annales et l’histoire des mentalités au 20e siècle ».[7]

Eveiller l’intérêt pour certaines périodes de l’histoire, prendre en considération des objets originaux, déplacer la focale vers de nouveaux questionnements pour comprendre le passé autrement : telles sont quelques-unes des forces de la fiction. Celle-ci nous rappelle aussi que la réalité ne parle jamais d’elle-même ; les choix narratifs et le langage employé ne sont pas neutres.

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Lectures supplémentaires

  • Jablonka, Ivan. L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales. Paris: Seuil, 2014.
  • Vuillard, Eric. L’ordre du jour. Paris: Actes Sud, 2017

Resources sur le web

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[1] Thalia Brero et Sébastien Farré, ed, The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens (Genève: Georg Editeur, 2017).
[2] Philip Rieder et Alexandre Charles Wenger, “The Knick : raconter la chirurgie,” in The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens, ed. Thalia Brero et Sébastien Farré (Genève: Georg Editeur, 2017), 109.
[3] Roger Chartier, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude (Paris: Albin Michel, 1998).
[4] Eric Vuillard, L’ordre du jour (Paris: Actes Sud, 2017), 12.
[5] Vuillard, L’ordre du jour, 128-129.
[6] Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele (Paris: Grasset, 2017).
[7] Ivan Jablonka, L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales (Paris: Seuil, 2014), 85. Voir aussi p. 53 à propos de l’influence sur l’historiographie des romans de Walter Scott.

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Crédits illustration

Anschluss Österreich ©  Bundesarchiv Bild 146-1972-028-14CC BY-SA 3.0 DE.

Citation recommandée

Fink, Nadine: La force de la fiction. In: Public History Weekly 6 (2018) 5, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-11199.

History enjoys remarkable success with the general public. It provides the base material for numerous television series with a wide audience and inspires literary works which are awarded the most prestigious prizes. In fall 2017, Eric Vuillard’s “L’ordre du jour”, which shakes up previous representations of the “Anschluss”, was awared the Priz Goncourt. And Olivier Guez’s “La Disparition de Joseph Mengele” was awarded the Prix Renaudot. Does fiction endanger history?

Decrypt fiction

The production of a historical television series, for example “The Tudors” (2007-2010), does not struggle with footnotes and builds a historical narrative according to criteria that are not scientific, but scenario-based. The past is not a subject of analysis; it serves above all to drive the plot and the setting. While history is preoccupied with the truth, fiction cares about credibility.

History is threatened if we look at fiction from the exclusive angle of competition, if we confine ourselves to tracking down “anachronisms”, if we strive to point out liberties taken with the facts established by historians. To submit fiction to the sole verdict of historical knowledge is to consider history as an objective science revealing absolute truth. Which it is not.

History is enhanced if we consider fiction as a pleasure, a discovery and an invitation to reflect on the uses and representations of the past in contemporary societies. This is what historians from the University of Geneva (Switzerland) have been doing by decrypting several historical series.[1] Fiction questions them about the relations between past and present, and about how contemporary issues influence the way we consider the past. Fiction also shifts their analyses to looking behind the scenes of the past: “Improvisation, bricolages and hopes depicted in the series correspond to a historical reality”.[2] Because these spaces leave no traces, they remain inaccessible and are therefore neglected in historical research. One of the strengths of fiction is to recompose these spaces.

Embody the Present of the Past

Historical knowledge is based on a series of historiographical operations and on intending the truth. What the archive doesn’t tell, the historian can’t say. He or she must restore the past in a way that is “controlled” by a system of evidence. As a result, there is a dependency on the archive, as highlighted by Roger Chartier: Because historians maintain this specific relation to reality they produce a narrative which is historical and not fictional.[3]

While the historian is constrained by the archive, the novelist can intervene, fill in, interpret with his or her own subjectivity. In the first pages of “L’ordre du jour”, Eric Vuillard writes: “Literature makes everything possible, one says”.[4] Indeed, literature has a great freedom in the way it lays out events and embodies characters, their movements, feelings and uncertainties. It has a unique potential to capture and recreate the present of the past, to suspend a space-time where the future is not yet played out. Using photographs, filmic materials, memoirs and archives, Vuillard revisits Hitler’s installation in power. He deconstructs our representations of the Anschluss in March 1938. He shows that these representations are still structured by Nazi propaganda:

“The images we have of war have been staged by Joseph Goebbels for good. History unfolds before our eyes, like a film by Joseph Goebbels. This is extraordinary. German newsreels become the model of fiction”.[5]

By recounting the breakdown of German tanks as they crossed the Austrian border, by describing the military and diplomatic mess that preceded the images handed down of the Anschluss and the entry of German troops into Vienna, Vuillard shows that the victorious dynamics staged by Nazi propaganda were not entirely retraced. The division of the plot determines how we consider the past: as a scenario among other possible scenarios. The sequence of events was not inescapable.

Fiction and History

Fiction is based on historiography. It benefits from the quiet work done by historians in the shadows, which never reaches the large audiences for works of fiction. Novelists and writers read historians carefully, some of them going as far as detailing the sources and bibliographical references they used.[6] History inspires and nurtures fiction. However, the former is not servile with respect to the latter. Fiction plays an essential role in the construction of imagination, especially by showing us lost worlds and by giving substance to what is no longer. Thus, fiction inspires and nurtures history.

Fiction sometimes precedes history in the art of questioning the past through contemporary questions, and in initiating new fields of historical investigation. The historian Ivan Jablonka, who explores the border between fiction and history, explains that Walter Scott’s (1771-1832) novels generated a new interest in the Middle Ages and awakened curiosity in everyday human realities. These realities are at the heart of Emile Zola’s (1840-1902) novels:

“The novel is the form that social inquiry and contemporary history take at a time when professional historians, unlike Zola, are not interested in occupations, wages, budgets, social hierarchy, lifestyles, birth, death, illness, sex, love, or any of the themes that will fascinate the Annales school and the history of mentalities during the 20th century”.[7]

Awakening interest in certain periods of history, taking into consideration original objects, shifting the focus towards new questions to understand the past differently: These are some of the forces of fiction. It also reminds us that reality never speaks for itself; the narrative choices and the language used are not neutral.

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Further Reading

  • Jablonka, Ivan. L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales. Paris: Seuil, 2014.
  • Vuillard, Eric. L’ordre du jour. Paris: Actes Sud, 2017

Web Resources

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[1] Thalia Brero and Sébastien Farré, ed, The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens (Genève: Georg Editeur, 2017).
[2] Philip Rieder and Alexandre Charles Wenger, “The Knick : raconter la chirurgie,” in The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens, ed. Thalia Brero et Sébastien Farré (Genève: Georg Editeur, 2017), 109.
[3] Roger Chartier, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude (Paris: Albin Michel, 1998).
[4] Eric Vuillard, L’ordre du jour (Paris: Actes Sud, 2017), 12.
[5] Vuillard, L’ordre du jour, 128-129.
[6] Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele (Paris: Grasset, 2017).
[7] Ivan Jablonka, L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales (Paris: Seuil, 2014), 85. See also p. 53 about the influence on historiography of Walter Scott’s novels.

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Image Credits

Anschluss Österreich ©  Bundesarchiv Bild 146-1972-028-14CC BY-SA 3.0 DE.

Recommended Citation

Fink, Nadine: The Force of Fiction. In: Public History Weekly 6 (2018) 5, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-11199.

Die Geschichte genießt einen bemerkenswerten Erfolg in der Öffentlichkeit. Sie liefert das Ausgangsmaterial für zahlreiche Fernsehserien mit einem breiten Publikum und inspiriert literarische Werke, die mit den renommiertesten Auszeichnungen belohnt werden. Im Herbst 2017 wurde Eric Vuillards “L’ordre du jour”, das bisherige Darstellungen des “Anschlusses” auf den Kopf stellt, mit dem Priz Goncourt geehrt. Der Renaudot-Preis ging an Olivier Guez für “La Disparition de Joseph Mengele”. Gefährdet die Fiktion die Geschichte?

Fiktion entschlüsseln

Die Produktion einer historischen Fernsehserie, zum Beispiel “The Tudors” (2007-2010), kämpft nicht mit Fußnoten und baut die jeweilige Erzählung nach Kriterien auf, die nicht wissenschaftlich, sondern szenarienbasiert sind. Die Vergangenheit ist nicht Gegenstand der Analyse, sondern dient vor allem dazu, die Handlung und die Kulisse zu bestimmen. Während die Geschichte mit der Wahrheit beschäftigt ist, kümmert sich die Fiktion um die Glaubwürdigkeit.

Die Geschichte ist dann gefährdet, wenn wir die Fiktion aus dem ausschließlichen Blickwinkel des Wettbewerbs betrachten, wenn wir uns darauf beschränken, “Anachronismen” auf die Spur zu kommen, wenn wir versuchen, auf die Freiheiten hinzuweisen, die man sich beim Umgang mit den von der Forschung festgestellten Tatsachen herausnimmt. Die Fiktion dem alleinigen Urteil des historischen Wissens zu unterwerfen, bedeutet, die Geschichte als objektive Wissenschaft zu betrachten, die die absolute Wahrheit enthüllt – was sie aber weder ist noch tut.

Die Geschichte wird bereichert, wenn wir die Fiktion als Vergnügen, als Entdeckung und als Einladung betrachten, über die Verwendungen und Darstellungen der Vergangenheit in zeitgenössischen Gesellschaften nachzudenken. Das haben sich HistorikerInnen der Universität Genf (Schweiz) vorgenommen, indem sie mehrere historische Serien entschlüsselt haben.[1] Die Fiktion befragt die Beziehungen zwischen Vergangenheit und Gegenwart sowie den Einfluss zeitgenössischer Themen auf die Art und Weise, wie wir die Vergangenheit betrachten. Auch die Fiktion verschiebt ihre Analysen auf eine hinter den Kulissen liegende Betrachtung der Vergangenheit: “Improvisation, Bricolages und Hoffnungen, die in der Serie dargestellt werden, entsprechen einer historischen Realität”.[2] Da diese Räume keine Spuren hinterlassen, bleiben sie unzugänglich und werden deshalb in der Geschichtsforschung vernachlässigt. Eine der Stärken der Fiktion ist es, diese Räume neu herzustellen.

Die Gegenwart der Vergangenheit verkörpern

Historisches Wissen basiert auf einer Reihe von historiographischen Operationen und einer Wahrheitsintention. Was das Archiv nicht erzählt, kann die Forschung nicht konstatieren. Sie muss die Vergangenheit auf eine Art und Weise wiederherstellen, die durch ein System von Beweisen “kontrolliert” wird. Dadurch entsteht eine Abhängigkeit vom Archiv. Dies wurde von Roger Chartier besonders hervorgehoben: Weil HistorikerInnen diese spezifische Beziehung zur Realität aufrechterhalten, produzieren sie eine Erzählung, die historisch und nicht fiktiv ist.[3]

Während HistorikerInnen durch die Quellen eingeschränkt sind, können SchriftstellerInnen eingreifen, ausfüllen, mit ihrer eigenen Subjektivität interpretieren. Auf den ersten Seiten von L’ordre du jour schreibt Eric Vuillard: “Literatur macht alles möglich, sagt man”.[4] Tatsächlich hat die Literatur eine große Freiheit in der Gestaltung von Ereignissen und bei der Verkörperung der Figuren, ihrer Bewegungen, ihrer Gefühle, ihrer Unsicherheiten. Sie besitzt ein einzigartiges Potenzial, die Gegenwart der Vergangenheit einzufangen und neu zu erschaffen, eine Raumzeit zu suspendieren, in der die Zukunft sich noch nicht zugespielt hat. Mit Fotografien, Filmmaterial, Memoiren und Archiven greift Vuillard die Geschichte von Hitlers Machtinstallation auf. Er dekonstruiert unsere Darstellungen des Anschlusses im März 1938. Er zeigt, dass diese Darstellungen auch heute noch von der Nazi-Propaganda strukturiert sind:

“Die Bilder, die wir vom Krieg haben, sind für die Ewigkeit von Joseph Goebbels inszeniert. Die Geschichte entfaltet sich vor unseren Augen wie ein Film von Joseph Goebbels. Das ist außergewöhnlich. Deutsche Nachrichten wurden zum Modell der Fiktion”.[5]

Indem Vuillard erzählt, wie deutsche Panzer beim Überqueren der österreichischen Grenze zusammenbrechen, indem er die militärische und diplomatische Verwirrung beschreibt, die den uns bekannten Bildern vom Anschluss und dem Einmarsch der deutschen Truppen in Wien vorausging, zeigt er, dass die siegreiche Dynamik der nationalsozialistischen Propaganda nicht vollständig nachvollzogen werden konnte. Die Aufteilung der Handlung bestimmt, wie wir die Vergangenheit betrachten: als ein Szenario unter anderen möglichen Szenarien. Die Abfolge der Ereignisse war nicht zwangsläufig.

Fiktion und Geschichte

Die Fiktion gründet auf der Geschichtsschreibung, sie profitiert von der stillen Arbeit der Wissenschaft, die niemals das große Publikum der Fiktion erreicht. SchriftstellerInnen und AutorInnen lesen wissenschaftliche Werke sorgfältig, einige von ihnen gehen sogar so weit, dass sie die Quellen und bibliographischen Nachweise, die sie benutzen, detailliert darstellen.[6] Die Geschichte inspiriert und nährt die Fiktion. Ersteres steht jedoch nicht in einer unterwürfigen Position gegenüber Letzterem. Die Fiktion spielt eine wesentliche Rolle bei der Konstruktion der Imagination, vor allem, indem sie uns verlorene Welten zeigt und dem, was nicht mehr ist, Substanz verleiht. So inspiriert und nährt die Fiktion die Geschichte.

Die Fiktion geht manchmal der Geschichte voraus: indem sie zeitgenössische Fragen an die Vergangenheit stellt und neue Felder für die Geschichtsforschung eröffnet. Der Historiker Ivan Jablonka, der die Grenze zwischen Fiktion und Geschichte erforscht, erklärt, dass Walter Scotts (1771-1832) Romane ein neues Interesse am Mittelalter geweckt und eine Neugierde für die Alltagsrealität der Menschen geweckt haben. Diese Realitäten stehen im Mittelpunkt der Romane von Emile Zola (1840-1902):

“Der Roman ist jene Form, die die Sozialforschung und die Zeitgeschichte in einer Zeit annehmen, in der professionelle Historiker, im Gegensatz zu Zola, nicht an Berufen, Löhnen, Budgets, sozialer Hierarchie, Lebensstilen, Geburt, Tod, Krankheit, Sex, Liebe oder einem der Themen interessiert sind, die die Annales-Schule und die Geschichte der Mentalitäten im 20. Jahrhundert beschäftigen wird”.[7]

Das Interesse für bestimmte Epochen der Geschichte zu wecken, originale Objekte zu berücksichtigen, den Fokus auf neue Fragen zu richten, um die Vergangenheit anders zu verstehen: Das sind einige der Kräfte der Fiktion. Es erinnert uns auch daran, dass die Realität nie für sich selbst spricht; die erzählerischen Entscheidungen und die verwendete Sprache sind nicht neutral.

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Literaturhinweise

  • Jablonka, Ivan. L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales. Paris: Seuil, 2014.
  • Vuillard, Eric. L’ordre du jour. Paris: Actes Sud, 2017

Webressourcen

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[1] Thalia Brero und Sébastien Farré, ed, The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens (Genève: Georg Editeur, 2017).
[2] Philip Rieder und Alexandre Charles Wenger, “The Knick : raconter la chirurgie,” in The Historians. Saison 1. Les séries TV décryptées par les historiens, ed. Thalia Brero et Sébastien Farré (Genève: Georg Editeur, 2017), 109.
[3] Roger Chartier, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude (Paris: Albin Michel, 1998).
[4] Eric Vuillard, L’ordre du jour (Paris: Actes Sud, 2017), 12.
[5] Vuillard, L’ordre du jour, 128-129.
[6] Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele (Paris: Grasset, 2017).
[7] Ivan Jablonka, L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales (Paris: Seuil, 2014), 85. Über den Einfluss von Scotts Romane auf die Historiographie, siehe auch S. 53.

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Abbildungsnachweis

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Empfohlene Zitierweise

Fink, Nadine: Die Kraft der Fiktion. In: Public History Weekly 6 (2018) 5, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-11199.

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Categories: 6 (2018) 5
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-11199

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