Abstract: 1998 – Switzerland is experiencing an exceptional moment of controversial debate about its past during the Second World War. Clio is in the spotlight! Never before have history and memory seen such media coverage in the Swiss public space. Never before have scientific and media discourses been produced in such a large scale. In this context, an important oral history project leads to building a national audiovisual memory. The question which remains is: What is left today, in 2018?
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-12904.
Languages: Francais, English, Deutsch
1998 – la Suisse vit un moment exceptionnel de débat controversé à propos de son passé durant la période de la Seconde Guerre mondiale. Clio est sous tous les projecteurs ! Jamais l’histoire et la mémoire n’ont connu pareille médiatisation dans l’espace public helvétique. Jamais elles n’ont été génératrices d’une production scientifique et médiatique aussi importante et rapide. Dans ce contexte, un vaste projet d’histoire orale permet de constituer une mémoire audiovisuelle nationale. 2018 – qu’en reste-t-il ?
Success Story
Il y a vingt ans était fondée l’association Archimob [1] dans le but de collecter, d’archiver et de médiatiser des témoignages audiovisuels sur la période de la Seconde Guerre mondiale en Suisse. Cette récolte de témoignages a permis de constituer un fond d’archives de près de 1’000 heures d’interviews, source inestimable sur la mémoire de la guerre, à la fin du 20e siècle.
Cette précision temporelle n’est pas anodine. Les interviews ont eu lieu à une époque marquée par des controverses très vives – comme on en connaît rarement en Suisse – sur le rôle du pays durant la Seconde Guerre mondiale [2]. Prises dans une situation de crise sur le plan des relations internationales et faisant face à la menace d’un boycott, les autorités helvétiques se sont tournées vers une solution inédite : faire appel à l’expertise d’historiens en constituant, en 1996, une « Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre mondiale » (CIE). Celle-ci se voit confier pour mandat de mener des investigations sur des questions historiques controversées [3].
L’institution de la CIE constitue alors un exemple unique au monde, en donnant à des historiens les clés d’accès à toutes les archives publiques et privées et en allouant un budget exceptionnel de 22 millions de francs suisses pour financer cinq ans de travaux de plus de 100 collaborateurs. Au final, ce sont 25 volumes publiés, plus de 10’000 pages d’études et de contributions à la recherche historique sur la Suisse et la Seconde Guerre mondiale. Un rapport final résume l’essentiel des résultats et un ouvrage de synthèse en vulgarise l’essence pour le grand public [4].
L’Histoire c’est moi
Usages et mésusages du passé fournissent ici les ingrédients pour une étude de cas en histoire publique [5]. L’historiographie progresse ; les représentations au sein de la société résistent aux nouvelles interprétations du passé. En mai 1998, la publication du premier rapport intermédiaire relance le débat public. L’écart se creuse entre production historienne et expérience vécue de la période de la guerre.
C’est à ce moment qu’entre en scène l’association Archimob menée par une quarantaine d’historiens et de cinéastes. Archimob, c’est d’abord un large appel à témoin dans l’ensemble de la Suisse. C’est ensuite trois ans de réalisation de plus de 500 entretiens filmés dans toutes les régions linguistiques et les quatre langues nationales : des témoignages sur le vécu et la vie quotidienne en Suisse durant la période de la guerre. C’est aussi deux ans de travaux d’indexation et d’archivage de l’ensemble du matériau et c’est finalement deux ans consacrés à la réalisation d’une exposition multimédia itinérante pour faire connaître ce travail au grand public : L’Histoire c’est moi. 555 versions de l’histoire suisse 1939-1945.
Un Kaléidoscope constitue le cœur de l’exposition avec 64 séquences filmiques thématiques combinées dans un système interactif. Les visiteurs y choisissent ensemble, par un système de vote majoritaire à l’aide de boîtiers individuels, la séquence filmique projetée. D’une durée de 5 à 8 minutes, chaque montage cherche à montrer les différents points de vue et expériences présents dans l’ensemble de la collection Archimob.
Inaugurée en janvier 2004, l’exposition voyage dans toute la Suisse durant 4 ans. Elle bénéficie d’une couverture médiatique importante, est vue par plus de 100’000 visiteurs (dont 20’000 élèves) – chiffre particulièrement élevé à l’échelle de la Suisse. Trophée de cette épopée : un coffret DVD regroupe les 64 séquences filmiques, environ 7 heures de témoignages qui représentent moins de 1% de l’ensemble des près de 1’000 heures d’entretiens orignaux.
Mémoire, histoire, oubli
Un des objectifs d’Archimob a été de constituer un patrimoine mémoriel audiovisuel et de veiller à sa conservation, de rendre les interviews accessibles aux générations futures, de les mettre à disposition pour des travaux scientifiques et médiatiques. Cet archivage a nécessité d’importants travaux de préparation. Un dossier pour chaque témoin, composé d’un protocole d’entretien et d’une fiche biographique a été constitué. Les documents personnels reçus des témoins – par exemple lettres et photos – ont été numérisés. Une banque de données comprenant plus de 80 mots-clés définis sur la base des thèmes abordés dans les interviews a été réalisée pour indexer l’ensemble du corpus. Cette indexation a permis de sélectionner la matière première de l’exposition L’Histoire c’est moi.
Les travaux ayant été effectués à l’aube du tournant numérique, les métadonnées (l’indexation faite par Archimob) et les enregistrements sur 1’440 bandes au format Beta SP, DVCam ou DVCPro n’ont pas été combinés. Seules les métadonnées sont aujourd’hui accessibles en ligne sur le site de l’association [6]. Technologie d’un autre temps… Le moteur de recherche est aujourd’hui quasi obsolète… La banque de données n’est pas liée aux documents audiovisuels…. Certes, les bandes originales ont depuis lors été numérisés et enregistrées sur des disques durs et des bandes LT03 [7]. Des fichiers plus petits ont été réalisés pour la consultation, mais ils reposent dans un fond d’archives de la Cinémathèque suisse peu accessible [8].
Mémoire, histoire, oubli [9] : Comment assurer l’accessibilité et la durabilité à long terme de ce patrimoine audiovisuel ? Faute de moyens financiers et de volonté institutionnelle, le projet de mise en ligne de l’ensemble des enregistrements originaux et de mise à jour des métadonnées, en collaboration avec la Cinémathèque suisse, n’a pas pu être réalisé à ce jour.
Comment pérenniser le dialogue entre mémoire et histoire ? Le projet Archimob n’est qu’un exemple parmi tant d’autres productions de témoignages oraux qui documentent l’histoire du temps présent. Historiens et documentaristes produisent semaines après semaines quantité de sources orales audiovisuelles. Comment sélectionner, centraliser, stocker et pérenniser ces matériaux multiformes [10] ? Toute cette richesse archivistique risque bien de passer aux oubliettes. Et avec elle toute la potentialité d’exploitations possibles tant pour la recherche que pour la formation et l’enseignement.
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Lectures supplémentaires
- Descamps, Florence. L’historien, l’archiviste et le magnétophone: De la constitution de la source orale à son exploitation. Paris: Institut de la gestion publique et du développement économique, 2005.
- Hiraux, Françoise, ed. Les archives audiovisuelles. Politiques et pratiques dans la société de l’information. Louvain-la-Neuve: Academia, 2009.
Ressources sur le web
- Association for the collection and archiving of testimonies on the period of the Second World War in Switzerland (Archimob): archimob.ch (dernier accès 3 Octobre 2018).
- Association for the Safeguarding of Swiss Audiovisual Memory: https://memoriav.ch (dernier accès 3 Octobre 2018).
- Infoclio – professional portal for historical sciences in Switzerland: https://www.infoclio.ch/fr (dernier accès 3 Octobre 2018).
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[1] Archimob est un acronyme pour Archives de la Mobilisation, le terme « mobilisation » qualifiant la période de la Seconde Guerre mondiale en Suisse.
[2] La Suisse était fortement critiquée, en particulier pour les relations économiques entretenues avec l’Allemagne nazie et pour sa politique de refoulement à l’égard des réfugiés juifs. Les banques suisses étaient également attaquées sur la question des fonds en déshérence, c’est-à-dire des avoirs ayant appartenu à des victimes juives du national-socialisme et qui reposaient depuis lors dans les coffres desdites banques.
[3] La CIE est également connue sous le nom de Commission Bergier, d’après le nom de son président, l’historien Jean-François Bergier. Concernant le mandat de la CIE, sa composition et ses rapports : https://www.uek.ch/ (dernier accès 3 Octobre 2018).
[4] Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre mondiale, La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale. Rapport final (Zurich: Pendo, 2002) ; Pietro Boschetti, Les Suisses et les nazis (Genève: Zoé, 2004).
[5] Christof Dejung, “Dissonant Memories: National Identity, Political Power, and the Commemoration of World War Two in Switzerland,” Oral History 35, Iss. 2 (2007): 57-66. Nadine Fink, Paroles de témoins, paroles d’élèves. La mémoire et l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de l’espace public au monde scolaire (Berne: Peter Lang, 2014).
[6] http://www.archimob.ch/arc/ (dernier accès 3 Octobre 2018).
[7] Ces travaux ont été effectués par l’association Memoriav dont la mission est de conserver, valoriser et diffuser le patrimoine audiovisuel suisse. http://memoriav.ch/projects/archimob-archives-de-la-mobilisation/?lang=fr (dernier accès 3 Octobre 2018).
[8] La Cinémathèque étant en travaux et en déménagement depuis 2012, il est actuellement impossible d’accéder à la collection Archimob et ce jusqu’à la réouverture officielle prévue pour début 2019.
[9] J’emprunte ce titre à l’ouvrage de Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli (Paris: Seuil, 2000).
[10] Ces questions ont notamment fait l’objet de plusieurs interventions lors du premier colloque national sur l’histoire orale en Suisse, organisé en novembre 2016 par l’association oralhistory.ch en collaboration avec Infoclio.ch. Enregistrements et compte-rendu : https://www.infoclio.ch/fr/node/146510 (dernier accès 3 Octobre 2018)
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Crédits illustration
L’histoire © 2004 Nadine Fink.
Citation recommandée
Fink, Nadine: L’histoire publique aux oubliettes: Archimob. In: Public History Weekly 6 (2018) 35, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-12904.
1998 – Switzerland is experiencing an exceptional moment of controversial debate about its past during the Second World War. Clio is in the spotlight! Never before have history and memory seen such media coverage in the Swiss public space. Never before have scientific and media discourses been produced in such a large scale. In this context, an important oral history project leads to building a national audiovisual memory. The question which remains is: What is left today, in 2018?
Success Story
Twenty years ago, Archimob[1] was founded to collect, archive, and publicize audiovisual testimonies on the period of the Second World War in Switzerland. This collection of testimonies made it possible to generate an archive of nearly 1,000 hours of interviews, which is a precious source on the memory of the war at the end of the 20th century.
This temporal precision is significant. The interviews took place at a time when there were very strong controversies – rarely known in Switzerland – about the country’s role during the Second World War.[2] Caught in a crisis situation in international relations and facing the threat of a boycott, the Swiss authorities turned to an unprecedented solution: to call on the expertise of historians by setting up, in 1996, an “Independent Commission of Experts Switzerland – Second World War” (ICE). Its mandate is to investigate controversial historical issues.[3]
At the time, ICE was a unique example in the world, giving historians the keys to access all public and private archives and allocating an exceptional budget of 22 million Swiss francs to finance five years of work by more than 100 collaborators. In the end, 25 volumes were published, constituting more than 10,000 pages of studies and contributions to historical research on Switzerland and the Second World War. A final report summarizes the main findings and a summary book popularizes the results to a larger audience.[4]
I Am History
The uses and misuses of the past provide the ingredients for a case study in public history.[5] Historiography is progressing; representatives within society are resisting new interpretations of the past. In May 1998, the publication of the first intermediary report relaunched the public debate. At the same time, the gap between historical production and the lived experience of the war period is widening.
It was during this time that Archimob, an association led by forty historians and filmmakers, entered the scene. Archimob first and foremost constituted a broad call for witnesses throughout Switzerland. During three years, it compiled more than 500 interviews, filmed in all linguistic regions and the four national languages: testimonies on the experiences and daily life in Switzerland during the war period. During two more years, it worked on indexing and archiving the entire material, and finally devoted two years to the production of a travelling multimedia exhibition to present the project to a large audience, under the title: “I am History. 555 versions of Swiss history 1939-1945”.
The heart of the exhibition is a kaleidoscope with 64 thematic film sequences, combined in an interactive system. Visitors choose together, by a majority voting system using individual boxes, the projected film sequence. Each montage lasts 5 to 8 minutes and aims to show the different points of view and experiences present in the entire Archimob collection.
Inaugurated in January 2004, the exhibition travelled throughout Switzerland for four years. It enjoyed extensive media coverage and was seen by more than 100,000 visitors (including 20,000 students) – a particularly high figure for Switzerland. The trophy of this epic is a DVD box set containing the 64 film sequences, comprised of 7 hours of testimonies, which in fact represent less than 1% of all the nearly 1,000 hours of original interviews.
Memory, History, Oblivion
Archimob’s aims were to build up an audiovisual memory heritage and ensure its preservation, to make interviews accessible to future generations, and to make them available for scientific and media work. This archiving required extensive preparatory work. A file for each witness was compiled, consisting of an interview protocol and a biographical record. Personal documents received from witnesses – such as letters and photos – have been digitized. A database containing more than 80 keywords, defined on the basis of the themes covered in the interviews, was created to index the entire corpus. This indexation made it possible to select the raw material for the exhibition “I Am History”.
As the work was carried out at the dawn of the digital revolution, the metadata (indexation system made by Archimob) and recordings on 1,440 tapes in Beta SP, DVCam or DVCPro format were not combined. Only the metadata is now available online on the association’s website.[6] The technology is from another time, the search engine is now almost obsolete and the database is not linked to audiovisual documents. But the original tapes have since been digitized and recorded on hard disks and LT03 tapes. [7] Smaller files have been produced for consultation, but they are housed in an archive of the Swiss Cinematheque that is not easily accessible.[8]
Memory, History, Oblivion[9]: So how can we ensure the accessibility and long-term sustainability of this audiovisual heritage? Due to a lack of financial resources and institutional will, the project to put all the original recordings online and update the metadata, in collaboration with the Swiss Cinematheque, has not yet been completed.
How can the dialogue between memory and history be sustained? The Archimob project is only one example among many other productions of oral testimonies that document the history of the present time. Historians and documentary filmmakers produce a large number of audiovisual oral sources on a weekly basis, week after week. How should these multiform materials be selected, centralized, stored and perpetuated?[10] The pressing issue is that all this archival richness is in danger of being forgotten, and with it all its potential for possible viewing exploitation, both for research purposes and for training and education.
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Further Reading
- Descamps, Florence. L’historien, l’archiviste et le magnétophone: De la constitution de la source orale à son exploitation. Paris: Institut de la gestion publique et du développement économique, 2005.
- Hiraux, Françoise, ed. Les archives audiovisuelles. Politiques et pratiques dans la société de l’information. Louvain-la-Neuve: Academia, 2009.
Web Resources
- Association for the collection and archiving of testimonies on the period of the Second World War in Switzerland (Archimob): archimob.ch (last accessed 3 October 2018).
- Association for the Safeguarding of Swiss Audiovisual Memory: https://memoriav.ch (last accessed 3. October 2018).
- Infoclio – professional portal for historical sciences in Switzerland: https://www.infoclio.ch/fr (last accessed 3. October 2018).
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[1] Archimob is an acronym for “Archives de la Mobilisation”, the term “mobilization” referring to the period of the Second World War in Switzerland.
[2] Switzerland was strongly criticized, in particular for its economic and financial relations with Nazi Germany and for its policy of repression towards Jewish refugees trying to enter Switzerland. Swiss banks were also attacked on the issue of unclaimed funds, i.e. assets that had belonged to Jewish victims of National Socialism and were never returned.
[3] ICE is also known as the “Bergier Commission”, after the name of its president, the historian Jean-François Bergier. For more on the mandate of ICE, its composition, and reports, see: https://www.uek.ch/ (last accessed 3. October 2018).
[4] Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre mondiale, La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale. Rapport final (Zurich: Pendo, 2002); Pietro Boschetti, Les Suisses et les nazis (Genève: Zoé, 2004).
[5] Christof Dejung, “Dissonant Memories: National Identity, Political Power, and the Commemoration of World War Two in Switzerland,” Oral History 35, Iss. 2 (2007): 57-66. Nadine Fink, Paroles de témoins, paroles d’élèves. La mémoire et l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de l’espace public au monde scolaire (Bern: Peter Lang, 2014).
[6] http://www.archimob.ch/arc/ (last accessed 3. October 2018).
[7] This work was carried out in association with Memoriav, whose mission is to preserve, enhance and circulate the Swiss audiovisual heritage: http://memoriav.ch/projects/archimob-archives-de-la-mobilisation/?lang=fr (last accessed 3. October 2018).
[8] As the Cinematheque has been undergoing renovation and relocation since 2012, it is currently impossible to access the Archimob collection, i.e. until the official reopening scheduled for early 2019.
[9] I borrowed this title from Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli (Paris: Seuil, 2000).
[10] These questions were the subject of several presentations at the first national symposium on oral history in Switzerland, organized in November 2016 by the oralhistory.ch association in collaboration with Infoclio.ch. For recordings and reports, see: https://www.infoclio.ch/fr/node/146510 (last accessed 3. October 2018).
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Image Credits
L’histoire © 2004 Nadine Fink.
Recommended Citation
Fink, Nadine: Public History to Oblivion: Archimob. In: Public History Weekly 6 (2018) 35, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-12904.
1998 – die Schweiz durchlebt eine ungewöhnlich kontroverse Debatte über die eigene Rolle während des Zweiten Weltkriegs. Clio steht im Schlaglicht! Nie zuvor wurde in der Schweiz der Geschichte und Erinnerungskultur so viel mediale Aufmerksamkeit geschenkt. Und nie zuvor wurden wissenschaftliche und mediale Diskurse mit einer derartigen Vehemenz geführt. In diesem Zusammenhang hat ein wichtiges Oral-History-Projekt zur Errichtung eines nationalen audiovisuellen Archives geführt. Die Frage stellt sich, was 2018 davon übriggeblieben ist?
Eine Erfolgsgeschichte
Vor 20 Jahren wurde der Verein Archimob[1] gegründet, der sich das Ziel setzte, audiovisuelle Quellen über die Zeit des Zweiten Weltkrieges in der Schweiz zu sammeln, zu archivieren und zu publizieren. Diese Sammlung von Zeitzeugenaussagen hat es auf ein Archiv von fast 1.000 Stunden Interviewmaterial gebracht, das eine kostbare Quelle zur Erinnerung an den Krieg am Ende des 20. Jahrhunderts darstellt. Diese zeitliche Eingrenzung ist von Bedeutung. Die Interviews wurden zu einer Zeit geführt, da in der Schweiz für das Land ungewöhnlich heftige Kontroversen über die eigene Rolle während des Zweiten Weltkrieges ausgetragen wurden.[2]
Angesichts einer internationalen diplomatischen Krise und eines drohenden Boykotts behalf sich der Schweizer Bundesrat einer ungewöhnlichen Lösung und griff auf das Expertenwissen von Historiker*innen zurück. 1996 berief er die Unabhängige Expertenkommission Schweiz – Zweiter Weltkrieg (UEK) mit dem Auftrag, umstrittene historische Fragen zu untersuchen.[3] Zu dieser Zeit war die UEK die einzige Kommission dieser Art, die Historiker*innen den Zugang zu allen öffentlichen und privaten Archiven ermöglichte und sie mit einem außergewöhnlichen Budget von 22 Millionen Schweizer Franken ausstattete, um die fünfjährige Arbeit von über 100 Beteiligten zu finanzieren. Abschließend wurden 25 Bände mit über 10.000 Seiten wissenschaftlicher Untersuchungen und Beiträge zur Geschichte der Schweiz im Zweiten Weltkrieg publiziert. Ein Schlussbericht fasste die wichtigsten Ergebnisse zusammen und eine Übersicht macht diese einem größeren Publikum zugänglich.[4]
L’Histoire c’est moi
Der Nutzen und Missbrauch der Vergangenheit sind Teile eines klassischen Fallbeispiels der Public History.[5] Die Geschichte wird fortgeschrieben, gesellschaftliche Repräsentanten verwehren sich jedoch der Neuinterpretation der Vergangenheit. Die Publikation des Zwischenberichts im Mai 1998 befeuerte die Debatte von Neuem. Gleichzeitig vergrößerte sich der Abstand zwischen historischer Aufarbeitung und erlebter Kriegserfahrung zunehmend.
Dies ist der Kontext in dem Archimob von 40 Historiker*innen und Filmemacher*innen gegründet wurde. In erster Linie riefen sie Zeitzeug*innen aus der gesamten Schweiz dazu auf, sich zu melden. Innerhalb von drei Jahren nahmen sie über 500 Interviews in allen Sprachregionen und in den vier amtlichen Sprachen auf, die Zeugnis über die Erfahrungen und den Kriegsalltag in der Schweiz ablegen. In den folgenden zwei Jahren arbeitete man an der Indizierung und Archivierung des Materials, um schließlich weitere zwei Jahre an der Erstellung einer medialen Wanderausstellung zu arbeiten, die die Interviews einem breiten Publikum unter dem Titel „L’Histoire c’est moi. 555 Versionen der Schweizer Geschichte 1939-1945“ zugänglich machte.
Im Zentrum der Ausstellung stand ein Kaleidoskop mit 64 thematischen Filmsequenzen, die zu einem interaktiven System verbunden wurden. Die Besucher*innen bestimmten mittels eines Wahlsystems, welche Filmsequenz gezeigt wurden. Jede Montage dauerte zwischen fünf und acht Minuten und zeigte jeweils die unterschiedlichen in der Archimob Sammlung vertretenen Perspektiven und Erfahrungen.
Die Ausstellung wurde erstmals im Januar 2004 gezeigt und reiste anschließend für vier Jahre durch die gesamte Schweiz. Sie fand große mediale Beachtung und wurde von über 100.000 Menschen (darunter 20.000 Schüler*innen) besucht, was für Schweizer Verhältnisse eine sehr hohe Besucherzahl ist. Begleitend wurde eine DVD mit den 64 Filmsequenzen und einer Spielzeit von sieben Stunden herausgegeben, die letztlich doch nur 1 Prozent der fast 1.000 Stunden Interviewmaterial darstellen.
Gedächtnis, Geschichte, Vergessen
Archimobs Ziel war es, einen audiovisuellen Erinnerungsspeicher zu schaffen, der die Interviews zukünftigen Generationen und für wissenschaftliche sowie mediale Arbeiten zugänglich machen würde. Eine derartige Archivierung basierte auf intensiven Vorbereitungsarbeiten. Zu jedem Zeitzeugen bzw. jeder Zeitzeugin wurde eine Datei mit einem Interviewprotokoll und einem Lebenslauf angelegt und persönliche Dokumente wie etwa Briefe und Fotografien digitalisiert. Eine Datenbank mit über 80 Schlagwörtern, die anhand der Interviewinhalte definiert wurden, ermöglicht es den Gesamtkorpus an Material zu durchsuchen. Diese Indizierung erlaubte es auch, das Rohmaterial für die Ausstellung „L’Histoire c’est moi“ zu sichten.
Da die Arbeiten vor der digitalen Revolution erfolgten, wurden die Metadaten (mit Archimobs eigenem Indizierungssystem) und die Aufnahmen auf 1.440 Betacam SP-, DVCAM- oder DVCPro-Bändern nicht miteinander kombiniert. Lediglich die Metadaten sind nun online auf der Seite des Vereins verfügbar.[6] Die Technologie stammt aus einer anderen Zeit und die Suchmaschine ist heute beinahe überholt, da sie mit keinem audiovisuellen Material verbunden wurde. Die Originalbänder wurden mittlerweile digitalisiert und auf Festplatten und LTO-3-Bänder überspielt.[7] Es wurden auch weniger umfangreiche Akten erstellt, die aber durch ihre Aufbewahrung im Archiv der Cinémathèque suisse etwas schwer zugänglich sind.[8]
Gedächtnis, Geschichte, Vergessen[9]: Wie kann also dieses audiovisuelle Erbe dauerhaft gesichert und zugänglich gemacht werden? Die Idee, in Zusammenarbeit mit der Cinémathèque suisse alle Originalaufnahmen online zu stellen und die Metadaten zu aktualisieren, scheiterte an fehlenden finanziellen Ressourcen und institutionellem Willen.
Wie kann der Dialog zwischen Erinnerung und Geschichte aufrecht erhalten bleiben? Das Archimob-Projekt ist nur eines unter vielen Oral-History-Projekten, die die Gegenwartsgeschichte dokumentieren. Historiker*innen und Filmemacher*innen produzieren wöchentlich Unmengen von Oral-History-Quellen. Wie sollten diese vielfältigen Materialien gesichtet, zentralisiert, verwahrt und verbreitet werden?[10] Die Gefahr besteht, dass dieser reiche Fundus an Materialien in Vergessenheit gerät und damit seinen Nutzen für die Forschung und Bildung verliert.
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Literaturhinweise
- Descamps, Florence. L’historien, l’archiviste et le magnétophone: De la constitution de la source orale à son exploitation. Paris: Institut de la gestion publique et du développement économique, 2005.
- Hiraux, Françoise, ed. Les archives audiovisuelles. Politiques et pratiques dans la société de l’information. Louvain-la-Neuve: Academia, 2009.
Webressourcen
- Association for the collection and archiving of testimonies on the period of the Second World War in Switzerland (Archimob): archimob.ch (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
- Association for the Safeguarding of Swiss Audiovisual Memory: https://memoriav.ch (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
- Infoclio – professional portal for historical sciences in Switzerland: https://www.infoclio.ch/fr (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
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[1] Archimob ist ein Akronym für „Archives de la Mobilisation”, wobei der Begriff „Mobilisation“ – „Mobilisierung“ sich auf die Zeit des Zweiten Weltkriegs in der Schweiz bezieht.
[2] Die Schweiz wurde scharf kritisiert für ihre wirtschaftlichen und finanziellen Verflechtungen mit dem nationalsozialistischen Deutschland sowie für ihre Repressionen jüdischer Flüchtlinge, die versuchten, in die Schweiz zu gelangen. Schweizer Banken wurden ebenso kritisiert für ihr stillschweigendes Einbehalten nachrichtenloser Kontenvermögen jüdischer Opfer des Nationalsozialismus, die nie erstattet wurden.
[3] Die UEK wird nach ihrem Vorsitzenden, dem Historiker Jean-François Bergier, auch Bergier-Kommission genannt. Näheres zu ihrem Mandat, ihrer Zusammensetzung und ihren Berichten: https://www.uek.ch/ (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
[4] Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre mondiale, La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale. Rapport final (Zurich: Pendo, 2002) ; Pietro Boschetti, Les Suisses et les nazis (Genève: Zoé, 2004).
[5] Christof Dejung, “Dissonant Memories: National Identity, Political Power, and the Commemoration of World War Two in Switzerland,” Oral History 35, Iss. 2 (2007), S. 57-66. Nadine Fink, Paroles de témoins, paroles d’élèves. La mémoire et l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de l’espace public au monde scolaire (Bern: Peter Lang, 2014).
[6] http://www.archimob.ch/arc/ (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
[7] Dies geschah in Kooperation mit Memoriav, deren Aufgabe die Erschließung und Erhaltung des schweizerischen audiovisuellen Erbes ist. http://memoriav.ch/projects/archimob-archives-de-la-mobilisation/?lang=fr (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
[8] Da die Cinémathèque seit 2012 von Umzugs- und Renovierungsarbeiten betroffen ist, wird die Archimob Sammlung erst wieder mit der Neueröffnung zugänglich sein, die für das Frühjahr 2019 angekündigt wurde.
[9] Ich habe diese Überschrift Paul Ricœurs Gedächtnis, Geschichte, Vergessen (Paderborn 2004) entliehen.
[10] Diesen Fragen widmeten sich eine Reihe von Vorträgen während der ersten nationalen Tagung zur Schweizer Oral History, die im November 2016 vom Verein oralhistory.ch in Kooperation mit Infoclio.ch organisiert wurde. Für Tagungsbericht und Aufnahmen siehe: https://www.infoclio.ch/fr/node/146510 (letzter Zugriff 3. Oktober 2018).
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Abbildungsnachweis
L’histoire © 2004 Nadine Fink.
Empfohlene Zitierweise
Fink, Nadine: Von der Public History zum Vergessen: Archimob. In: Public History Weekly 6 (2018) 35, DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-12904.
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Categories: 6 (2018) 35
DOI: dx.doi.org/10.1515/phw-2018-12904
Tags: Digital Change (Digitaler Wandel), Oral History, Switzerland (Schweiz)